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Quand on est loin
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Aborigènes Australiens

Aborigènes Australiens

Australian Aboriginal people (english translation at the end)

Sujet vaste et passionnant, qui appelle rapidement à la polémique en fonction d'avec qui on parle. Cet article sera juste mon expérience et ma vision personnelle, en tant que touriste-travailleuse française, mais tout de même passionnée par l'Art, la Culture et la Spiritualité Aborigène.
 

Avant de partir en Australie, j'avais lu plusieurs livres notamment Message des Hommes Vrais au monde mutant de Marlo Morgan; et que cela soit une histoire vraie ou pas elle enseigne de nombreuses choses sur la vie traditionnelle des Aborigènes nomades (ils l'étaient tous avant), notamment le fait que les connaissances se font oralement:

«  Les Aborigènes ont refusé tout langage écrit parce que selon eux, l'écriture affaiblit la puissance de la mémoire. »

Il existait les Song Lines qui sont des sortes de chansons qui aident à voyager et à comprendre les lieux (raconté dans un livre de Chatwin notamment), ou encore le Dreamtime qui est le passé-présent-futur avec de nombreuses histoires d'esprits qui ont façonné la Terre, les Hommes....Enfin résumer cela dans un petit article est compliqué mais de nombreux livres ou documentaires passionnants en parlent plus longuement. Il faut savoir que dans tous les lieux symboliques Australiens, il y a souvent des panneaux explicatifs avec l'histoire du Dreamtime, enfin la version "publique" car il y a toujours une version "privée" gardée par la tribu Aborigène qui garde de façon ancestrale le lieu (si c'est accepté par le Gouvernement).

Deux autres citations pour comprendre l'esprit non-possessif traditionnel Aborigène:

« La terre appartient à tout ce qui existe. Le véritable mode humain de vie est le partage. La possession est l'acte suprême d'exclusion d'autrui par pur égoïsme. »

(Message des Hommes Vrais au monde mutant de Marlo Morgan)

« C'est par l'acquisition des connaissances et non par l'accumulation des possessions matérielles que s'acquiert le prestige dans la société aborigène. »

(L'Art des Aborigènes d'Australie de Wally Caruana)

Landrights news, journal gratuit distribué en Australie Centrale pour se tenir au courant de l'actualité concernant les Droits des Aborigènes, les combats pour regagner les Terres ou faire appliquer le respect sur leurs terres sacrées / Landrights news, a free newspaper distributed in Central Australia with news about Aboriginal Rights, fights for owning traditional lands or upholding respect on their sacred lands

Landrights news, journal gratuit distribué en Australie Centrale pour se tenir au courant de l'actualité concernant les Droits des Aborigènes, les combats pour regagner les Terres ou faire appliquer le respect sur leurs terres sacrées / Landrights news, a free newspaper distributed in Central Australia with news about Aboriginal Rights, fights for owning traditional lands or upholding respect on their sacred lands

Il est donc compliqué pour les Aborigènes d'aujourd'hui de cohabiter avec les Australiens d'origine Européenne car il y a un énorme fossé entre les deux. 

Pour résumer l'Histoire:
> les premiers colons Britanniques sont arrivés à partir de 1770. L'Australie fut déclarée Terra Nulius, c'est-à-dire inhabitée, de ce fait tout colon pouvait s'installer et se déclarer propriétaire de la terre qu'il décidait d'occuper. Il faut savoir aussi que les colons ont apporté avec eux de nombreuses maladies qui ont fait des ravages parmi les peuples Aborigènes.
> jusque début XXème, il y eu à la fois de nombreux massacres, mais aussi des coopérations entre éleveurs blancs et aborigènes par exemple
> de 1869 aux années 1930, le Gouvernement décida d'enlever de force les enfants métis pour officiellement les intégrer à la société blanche, des dizaines de milliers d'enfants ont été placés loin de leur famille; on l'appelle la Génération Volée, il existe encore de nombreux Aborigènes qui ne connaissent pas leur parent ou le lieu d'où ils viennent
> le Gouvernement a crée des "communautés", centres où doivent vivre les personnes Aborigènes et où ils sont "encadrés" par des médecins/enseignants/animateurs/psy.. envoyés par le Gouvernement. C'est toujours d'actualité.
> vers 1970, le Gouvernement a décidé de donner à chaque Aborigène, chaque mois, de l'argent. C'est une façon de se dédouaner des actes du passé...Ils ont donc une carte verte avec laquelle ils peuvent tout acheter sauf de l'alcool, de l'essence, du tabac ou du porno. De nombreux Aborigènes ne comprennent donc pas la notion de travail puisqu'ils reçoivent de l'argent sans rien faire, ce qui élargit encore plus le fossé avec les Australiens d'origine européenne qui travaillent...

l'essence, sujet de racisme envers les Aborigènes / fuel, racist topic against Aborigines

l'essence, sujet de racisme envers les Aborigènes / fuel, racist topic against Aborigines

Exemple de l'essence: là où vivent les Aborigènes est vendue une essence spéciale, sans odeur et qui ne peut se "sniffer" (car un des soucis parmi les personnes Aborigènes est le pourcentage élevé des addictions, alcool-drogue, et inhaler des vapeurs d'essence est courant). Mais du coup, ce fut dur pour nous de découvrir le racisme qui sévit partout mais où cela parait quasi normal: lorsque l'on vendait de l'essence il fallait systématiquement vérifier la couleur de peau: si c'est blanc on accepte direct, si c'est noir on attend que la personne vienne payer d'abord au comptoir..Horrible!

nos patrons et collègues du camping Gemtree avec les peintres Arrernte Raymond et Marie (qui ne sont pas leur prénom traditionnel; et je me permets aussi de publier ici cette photo qui était sur facebook donc acceptée par eux, car la notion de prendre une photo peut être tabou car cela volerait notre âme selon la croyance Aborigène) / our bosses and workmates of the campsite Gemtree with the Arrernte painter couple Raymond and Marie (which are not their traditional name, and I also allow myself to publish here this photo which was on facebook so accepted by them, because the act of taking a photo is controversial: Aboriginal belief is that it steals your soul)

nos patrons et collègues du camping Gemtree avec les peintres Arrernte Raymond et Marie (qui ne sont pas leur prénom traditionnel; et je me permets aussi de publier ici cette photo qui était sur facebook donc acceptée par eux, car la notion de prendre une photo peut être tabou car cela volerait notre âme selon la croyance Aborigène) / our bosses and workmates of the campsite Gemtree with the Arrernte painter couple Raymond and Marie (which are not their traditional name, and I also allow myself to publish here this photo which was on facebook so accepted by them, because the act of taking a photo is controversial: Aboriginal belief is that it steals your soul)

Résumé de nos différentes rencontres avec des Australiens Aborigènes:
- beaucoup de backpackers ne vivent et travaillent que dans les grandes villes (Sydney, Melbourne, Perth, Brisbane) où hélas il y a de nombreux SDF Aborigènes, et donc il y a plein de jeunes Européens qui pensent que les "Abos" sont tous des drogués-alcoolos qui puent. En gros. Sympa le raccourci. Bref, nous on a préféré s'y intéresser un peu plus et dépasser ce cliché

- à Melbourne, nous avons travaillé avec une collègue d'origine Aborigène, en parlant elle nous a expliqué qu'il y avait un malaise lié à la couleur de peau: si la personne a pris le gène de couleur blanche alors s'intégrer dans la partie de sa famille Aborigène est parfois compliqué car la personne n'est qu'une "half-cast" (métis en français mais l'expression en anglais est plutôt péjorative) et il y a un vrai racisme de la part de la société "noire", la personne n'est pas "une vraie" et ne peut comprendre le racisme subit par ceux à la peau plus foncée; mais si elle a pris le gène de couleur foncée alors elle subira le racisme de la part de la société "blanche"..

- au camping Gemtree où l'on a travaillé 2 mois, nous voyions tous les jours de nombreuses familles Aborigènes des communautés aux alentours, qui venaient acheter à manger avec cette fameuse carte verte. Certains collègues blancs étaient clairement racistes et ne supportaient pas de les voir arriver tous pieds nus, parfois sales ou odorants (nos notions d'hygiène sont différentes) et parlant fort entre eux. Oui le fossé se voyait direct.
Mais on a eu aussi la très grande chance de travailler avec Raymond et Marie, couple de peintres Aborigènes Arrernte et le fait de ne pas être Australiens nous a permis de leur poser plein de questions et de passer un peu de temps avec eux! J'ai fait leur atelier de peinture (2h30 pour $50/40€) pour apprendre la technique traditionnelle du pointillisme mais aussi leur technique de dégradé pour reproduire l'outback.

Aborigènes Australiens
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Aborigènes Australiens

Grâce à Raymond et Marie, j'ai appris quelques mots d'Eastern Arrernte, langue parlée par plusieurs tribus d'Australie Centrale. Passionnant d'apprendre que le mot merci n'existe pas vraiment car en communauté on n'a pas à demander ou remercier: donner ou recevoir vont de soi.
-Ils m'ont expliqué leur culture du "sharing and caring" (partager et prendre soin), le partage est primordial, que ce soit dans notre famille, notre communauté ou notre planète (eux versent une partie de leur argent à des enfants pauvres en Inde par exemple), c'est essentiel pour vivre bien.
-Ils m'ont raconté qu'il y avait encore de nombreuses guerres de tribus parmi les Aborigènes mais cela reste secret, non divulgué aux blancs. Il faut se battre avec une arme traditionnelle (boomerang de combat ou lance) et non une arme à feu, sinon on est banni de la communauté.
-Les Corroborees (regroupements pour faire des initiations, notamment des enfants) sont courants, leur dernier était 6 mois avant pour l'initiation des garçons, ils ont fait des danses sacrées et sont parti en "bushcamp" pour apprendre le respect de la nature, des elders (personnes plus sages) mais aussi les compétences pour survivre dans le bush (savoir reconnaître la nourriture du bush (bushfood ou bush tucker), faire un arc, une lance/boomerang, du feu, trouver de l'eau...)

le witchetty grub, grosse larve apparemment succulente et pleine de protéines, est une nourriture du bush précieuse / witchetty grubs, big larva, apparently delicious and full of protein-rich larva, is a valuable bush food

le witchetty grub, grosse larve apparemment succulente et pleine de protéines, est une nourriture du bush précieuse / witchetty grubs, big larva, apparently delicious and full of protein-rich larva, is a valuable bush food


-leur rapport à la nature est important, un Aborigène qui a apprit de ses elders sait survivre dans le bush, mais sait aussi se soigner avec les plantes/animaux/minéraux...On appelle cela le bush medecine et c'est passionnant! J'avais notamment un soucis d'irritation sur ma main que Marie a tout de suite vu! Elle m'a conseillée d'appliquer de la pâte eau + sève d'un arbre appelé Bloodwood que j'avais appris à reconnaître. Cela a très bien marché! (c'est un peu gore à appliquer mais ça a asséché mon irritation)

Aborigènes Australiens
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Le fait d'être une femme me permettait d'échanger plus facilement avec Marie car dans les relations Aborigènes, un homme évitera de parlera à une femme par respect, et devra plutôt parler à son mari, notamment pour tout ce qui concerne l'argent.
Nous avons donc aussi parlé de ma passion pour la teinture naturelle et là, elle m'a offert de l'ocre, un bloc d'ocre rouge, sachant que c'est une terre sacrée pour eux, qui guérit et aide à faire les peintures traditionnelles. Merci pour ce cadeau!
J'ai donc fait un peu de teinture avec cet ocre mais aussi avec la sève de Bloodwood:

Aborigènes Australiens
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Aborigènes Australiens

On a tout de même compris que Raymond et Marie étaient à part de leur communauté car ils travaillent. Ils ont droit de loger au sein du camping et ne vivent donc pas tout le temps avec leur famille. Ils ont un avis critique très intéressant à la fois des blancs : "ce qui est mauvais dans notre monde actuel c'est l'argent et le pouvoir", ils détestent les villes qu'ils trouvent trop bruyantes et stressantes, ils disent qu'à trop courir ce n'est pas sain; ils ne suivent pas trop non plus la notion d'heure, ils devinent l'heure par rapport au soleil et au ciel.
Mais ils critiquent aussi les leurs en disant que l'alcool a rendu les gens fous et dangereux ou que certaines communautés ne sont vraiment pas sécurisées.

Karlu Karlu ou les Devils Marbles, pierres en forme d'oeufs, avec de nombreuses significations spirituelles pour les Aborigènes / Karlu Karlu or the Devils Marbles, egg-shaped stones, with many spiritual meanings for Aborigines

Karlu Karlu ou les Devils Marbles, pierres en forme d'oeufs, avec de nombreuses significations spirituelles pour les Aborigènes / Karlu Karlu or the Devils Marbles, egg-shaped stones, with many spiritual meanings for Aborigines

Et enfin, une des dernières conversations à propos des Aborigènes, fut avec un chauffeur de bus d'Alice Springs: son bus ramasse tous les jeunes Aborigènes à partir de 23h30, heure du couvre-feu d'Alice Springs pour eux. S'il passe à côté d'eux, ils sont obligés de monter à bord. S'ils ont moins de 12 ans, ils donnent l'adresse de leur famille (Aborigène ou d'accueil) et le chauffeur vérifiera. S'ils ont plus de 12 ans, ils donnent l'adresse qu'ils veulent.
Le mois dernier, il a ramassé 2200 enfants, dont 1000 jamais vus avant, et dont hélas 85% ont été abusés (physiquement ou psychologiquement)...
Il y a des care-centres qui prennent soin d'eux, mais en fait plus ou moins bien car c'est devenu un business: le Gouvernement donne un demi million $ /enfant! donc ces centres ne veulent pas que les enfants aillent mieux sinon ils partiraient. Car ce chauffeur avait postulé pour aider dans ces centres de soin, mais étant trop motivé et intelligent on ne l'a pas embauché (c'est ce qu'on lui a dit!).
La réalité fait peur...

concert de Tjupi Band au festival Bush Band Bash à Alice Springs :D

concert de Tjupi Band au festival Bush Band Bash à Alice Springs :D

La réalité est dure à saisir, mais être au courant de ce qui se passe permet de brosser un portrait plus réel et concret de la situation. Apprendre auprès de Raymond et Marie fut un magnifique cadeau et nous repartons plus riches de ces rencontres et connaissances. Merci merci merci <3 

l'article sur Ayers Rock/Uluru arrive mais voici un détail très controversé: l'échelle qui permet d'escalader Uluru, pourtant déconseillé par les Aborigènes car étant un affront et une marque d'irrespect / the article on Ayers Rock / Uluru arrives but here is a very controversial detail: the scale that allows climbing Uluru, yet disadvised by the Aborigines because being an affront and a mark of disrespect

l'article sur Ayers Rock/Uluru arrive mais voici un détail très controversé: l'échelle qui permet d'escalader Uluru, pourtant déconseillé par les Aborigènes car étant un affront et une marque d'irrespect / the article on Ayers Rock / Uluru arrives but here is a very controversial detail: the scale that allows climbing Uluru, yet disadvised by the Aborigines because being an affront and a mark of disrespect

ENGLISH VERSION

A broad and fascinating topic, which can be controversial according to who we are talking to. This article is just my experience and personal vision, as a French tourist-worker, but found of Aboriginal  Art, Culture and Spirituality.

Before going to Australia, I had read several books including Mutant message down under by Marlo Morgan; and whether it is a true story or not, it teaches many things about the traditional life of nomadic Aborigines (they were all nomadic before), including the fact that knowledge is transmitted orally:
"The Aborigines have refused any written language because, according to them, writing weakens the power of memory."

There were Song Lines that are like songs that help to travel and understand the places you cross (described in a Chatwin's book), or the Dreamtime which is the past-present-future with many stories of spirits that have shaped the Earth, Men.... To sum up all this in a short article is quite impossible but you can find many fascinating books and documentaries that talk about it. In Australia, if you go to a symbolic place for Aborigines, there are often informative signs with the story of Dreamtime, I mean the "public" version because there is always a "private" version guarded by the Ancestral Aboriginal tribe who keeps the land (if accepted by the Government).

Two other quotes to understand the traditional Aboriginal non-possessive spirit:
> "The earth belongs to all that exists. The true human way of life is sharing. Possession is the supreme act of exclusion of others by pure selfishness. " (Mutant message down under by Marlo Morgan)
> "It is through the acquisition of knowledge and not by the accumulation of material possessions that prestige is acquired in Aboriginal society." (Aboriginal Art by Wally Caruana)

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It is therefore complicated for Aborigines today to live with Australians of European origin because there is a huge gap between the two.

To summarize the History:
> The first British settlers arrived in 1770. Australia was declared Terra Nulius, which means uninhabited, so any settler could settle and declare himself the owner of the land he decided to occupy. It is also important to know that settlers brought with them many diseases that have wreaked havoc among Aboriginal peoples.
> until the beginning of the XXth century, there were at the same time many massacres, but also cooperations between white breeders and aboriginal for example
> from 1869 to the 1930s, the Government decided to take half-cast kids away from their family to "officially" integrate them into white society: tens of thousands of children were placed far from their families; it is called the Stolen Generation, there are still many Aborigines who do not know their parent or where they come from
> The Government has created "communities", centers where Aboriginal people live and where they are "supervised" by doctors / teachers / animators / psychiatrists sent by the Government. It is still relevant.
> Around 1970, the Government decided to give each Aboriginally every month money. It's a way of clearing itself of any responsabilities of the past ... So they have a green card with which they can buy everything except alcohol, fuel, tobacco or porn. Many Aborigines do not understand the concept of work because they receive money without doing anything, which widens the gap even more with the European-Australians who work...

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Example of fuel: Where the Aborigines live is sold a special, odorless and "no-sniffing" fuel (because one of the concerns among Aboriginal people is the high percentage of addictions, alcohol-drug, and inhaling fuel vapors is common). But suddenly, it was hard for us to discover the racism that rages everywhere but where it seems almost normal: when we sold gas we had to systematically check the skin color: if it's white we directly accept, if it's black we wait until the person comes to pay first at the counter... Awful!

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Summary of our different meetings with Aboriginal Australians:
- many backpackers live and work only in the big cities (Sydney, Melbourne, Perth, Brisbane) where unfortunately there are many homeless Aborigines, and so there are plenty of young Europeans who think that the "Abos" are all drug addicts who stink. Basically. Nice shortcut. Anyway, we prefered taking more interest and going among this cliché.

- in Melbourne, we worked with a girl of Aboriginal origin. By speaking with her, she explained to us that there was a trouble related to the color of skin: if a person takes the gene of white color, then, integrating into the part of his Aborigine family is sometimes complicated because the person is only a "half-cast" (Métis in French but the expression in English is rather pejorative) and there is a true racism from the "black" society, they say the person is not "a real" one and can not understand the racism suffered by those with darker skin; but if the person takes the dark color gene then he will suffer from the "white" society racism...

- At the Gemtree campsite where we worked for 2 months, we saw many Aboriginal families from the surrounding communities every day, who came to buy food with this so-called green card. Some white colleagues were clearly racist and could not stand to see them barefoot, sometimes dirty or smelly (our notions of hygiene are different) and talking loudly to each other. Yes the gap was big.
But we also had the great chance to work with Raymond and Marie, an Aboriginal Arrernte couple of painters, and not being Australian allowed us to ask them a lot of questions and spend some time with them! I did their painting workshop (2h30 for $50/40 €) to learn the traditional technique of pointillism but also their gradient technique to paint the outback.

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Thanks to Raymond and Marie, I learned a few words of Eastern Arrernte, a language spoken by several tribes of Central Australia. Amazing to learn that the word thank you does not really exist because in a community you do not have to ask or thank: giving or receiving go without saying.
-They explained to me their culture of "sharing and caring", sharing is paramount, whether in our family, our community or our planet (as instance: they give part of their money to poor kids in India), they say it is essential to live well.
-They told me that there were still many tribal wars among the Aborigines but they remain secret, undisclosed to the whites. You have to fight with a traditional weapon (battle boomerang or spear) and not a gun, otherwise you are banned from the community.
-The Corroborees (gatherings for initiations, especially for children) are common, their last one was 6 months ago for the initiation of the boys, they did sacred dances and "bushcamp" to learn the respect of the nature, of the elders (wiser people) but also the skills to survive in the bush: recognize bushfood (bush tucker), make a bow/spear/boomerang, make fire, find water...)

-Their relationship to nature is important, an Aborigine who learned from his elders knows how to survive in the bush, but also knows how to heal with plants / animals / minerals ... This is called the bush medicine and it's fascinating! I had a skin rash and Marie immediately saw it! She advised me to apply water + sap from a tree called Bloodwood that I had learned to recognize. It worked very well! (It's a bit creepy to apply but it dried up my hand rash)

The fact of being a woman allowed me to talk with Marie more easily because in the Aboriginal relations, a man will avoid to speak to a woman out of respect, and will rather have to speak to her husband, in particular for what deals with money.
So we also talked about my passion for natural dyeing and here she offered me ocher, a red ocher block, which is a sacred stone for them, that heals and helps to make traditional paintings. Thank you for this gift!
So I did some dyeing with this ocher but also with the sap of Bloodwood.

We nevertheless understood that Raymond and Marie were apart from their community because they work. They are entitled to stay in the campsite and do not live with their family all the time. They have a very interesting critical opinion both of the whites: "what is bad in our current world is money and power", they hate cities they find them too noisy and stressful, they say that runing is unhealthy; they are not really aware of the notion of time, they guess the time according to the sun and the sky.
But they also criticize theirs by saying that alcohol has made people mad and dangerous or that some communities are really not safe.

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In closing, one of the last conversations about Aborigines we had, was with a bus driver from Alice Springs: his bus picks up all the young Aboriginesat 11:30 pm, Alice Springs curfew time for them. If he passes by them, they are forced to board. If they are under 12, they give the address of their family (Aborigine or foster) and the driver will check. If they are over 12, they give the address they want.
Last month, he picked up 2200 children, including 1000 never seen before, and unfortunately 85% were abused (physically or psychologically)...
There are care-centers that take care of them, but in fact more or less well because it has become a business: the Government gives half a million $ / child! so these centers do not want the children to get better or they would leave. Because this driver had applied to help in these centers of care, but being too motivated and intelligent they did not hire him (that's what he was told!).
The reality is scary...

Reality is hard to understand, but being aware of what is going on gives a more real and concrete picture of the situation. Learning from Raymond and Marie was a wonderful gift and we leave richer of these meetings and knowledge. Thank you, thank you, thank you <3